Les addictions comportementales (AC) [Jeu d’Argent Pathologique (JAP), Addiction à l’Alimentation (AA), Addiction Sexuelle (AS)] peuvent entraîner des conséquences désastreuses. Elles sont souvent associées à d'autres troubles addictifs ou psychiatriques, et à des taux élevés de tentatives de suicide. Les études épidémiologiques rapportent une prévalence atteignant 2,7 % pour le JAP, 5 % pour l'AS et jusqu'à 7,9 % pour l'AA.
De nombreuses similitudes ont été mises en évidence entre les AC, ainsi qu'avec les troubles de l’usage de substances. Sur le plan clinique, le point commun fondamental est l’existence du craving (envies impérieuses, incontrôlable de s'engager dans des comportements hédoniques), qui a été systématiquement associé à la perte du contrôle sur la conduite et à la rechute.
Alors que les thérapies cognitivo-comportementales ont démontré leur efficacité pour la prise en charge des AC à court terme, l'étendue et la durabilité de leurs effets restent encore inconnues. Les abandons de soins sont fréquents, ainsi que les rechutes.
À l'heure actuelle, aucun traitement pharmacologique n'a obtenu d’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) dans l’indication « AC », mais plusieurs médicaments ont été testés. Parmi eux, deux antagonistes des récepteurs opioïdes, la naltrexone et le nalméfène, semblent les plus prometteurs. En diminuant la neurotransmission de la dopamine dans le circuit de récompense, ils réduisent à la fois l'excitation pour les comportements gratifiants et l'envie.
Comparé à la naltrexone, le nalméfène semble avoir une meilleure sécurité d’emploi. À ce jour, aucune étude n'a examiné l'efficacité du nalméfène en tant que traitement des AC. Deux essais cliniques ont démontré son efficacité pour le traitement du JAP, mais aucun essai clinique n'a été mené pour l'AS et l'AA.
Nous faisons l'hypothèse que le nalméfène, par rapport à un placebo, peut avoir un effet thérapeutique en complément du traitement habituel pour diminuer le craving dans les AC sus-citées. L'étude NABAB pourrait donc conduire à l'élaboration de recommandations intégrant une option médicamenteuse pour le traitement des AC.
La mise à disposition d'un traitement médicamenteux bien toléré et peu coûteux permettrait une accessibilité plus facile aux soins, par exemple dans les soins primaires, et dans la prise en charge des patients qui ont des difficultés à s'engager dans des soins spécialisés.
Investigateur principal: Marie Grall-Bronnec